LIFESTYLE

Dynamique, inventive, et vigoureusement active, nous, femme quinquagénaire émergeons de l’ombre, refusant le silence et s’attaquant aux stéréotypes désuets qui ont longtemps tenté de nous marginaliser en raison de notre âge prétendument difficile. 

Nous plaidons pour la liberté, un changement qui ne peut être bénéfique que si nous rompons avec les archaïsmes esthétiques et sociaux qui entravent les femmes. 

Pour être clair, vieillir ne signifie pas s’évanouir ou se fondre dans l’obscurité; c’est plutôt une affirmation de vie. Cette transformation, que l’on pourrait qualifier de ‘révolution grise’, entame la destruction de clichés vieillissants autour de la ménopause, notamment l’idée réductrice de la désirabilité des femmes liée uniquement à leur fertilité. 

La libération de la parole dans les médias et les réseaux sociaux, ainsi que les évolutions dans les structures familiales, participent à notre émancipation. Une simple observation des magazines féminins révèle l’aube de cette nouvelle ère où l’on discute de libido, de relations et de bien-être personnel – des thèmes autrefois tabous pour notre tranche d’âge. « Les progrès concernant la perception du corps féminin, que ce soit en matière de menstruations ou de maternité, préparent le terrain pour une réforme des attitudes envers la ménopause.

« Cette génération courageuse est prête à s’exprimer et à revendiquer une existence différente, libre des oppressions sociales », explique Mélissa Petit, docteure en sociologie spécialisée dans les questions de séniorité et de vieillissement, ainsi que fondatrice du cabinet Mixing Générations. 

Est-ce suffisant pour remettre la femme de cinquante ans à sa juste place ? Il semble essentiel de remettre en question cette obsession incessante de la jeunesse. Comment échapper à l’invisibilité lorsque nous sommes sous-représentés dans la société ? Dans les médias, les images de cheveux teints, de corps rajeunis et de rides dissimulées abondent sous couvert de crème anti-âge, même lorsqu’il est question des quinquas. 

Les premiers reflets des évolutions sociales se perçoivent dans la mode, le cinéma et les séries télévisées qui tentent, parfois maladroitement, de briser les stéréotypes liés à notre âge. Finies les images de quinquas retraitées, passives, attendent leurs petits-enfants avec un gâteau et un tricot. Désormais, nous dominons la scène, fortes, libres et séduisantes. Des figures comme Viola Davis, célèbre avocate dans « Murder », Sandra Oh, agent du MI-5 dans « Killing Eve », Gillian Anderson, sexologue enceinte dans « Sex Education », et Philippine Leroy-Beaulieu, impérieuse dans « Emily in Paris », illustrent ce changement.

Notre pouvoir économique 

Le cinéma et la télévision multiplient les exemples pour combattre l’âgisme et l’invisibilité, offrant une revanche aux actrices souvent reléguées à l’ombre après la quarantaine. Le quotidien de Florence Foresti dans « Désordres », une mère célibataire angoissée, en témoigne. Ces fictions, soutenues par des modèles réels, reflètent une nouvelle réalité.

Nous sommes journalistes, cheffes d’entreprise ou (auto)entrepreneuses, témoignant de notre désir et de notre besoin de progresser, de rester actives et de nous renouveler. 

Michelle Obama, à travers sa tournée promotionnelle pour son livre « Cette lumière en nous », lutte contre les stéréotypes et rappelle que les femmes âgées détiennent aussi un pouvoir économique, malgré les crises qui les frappent en premier. Ces modèles contribuent à nous rendre visibles et à présenter des exemples de femmes fortes, créatives et libres aux jeunes générations, leur permettant de grandir sans crainte pour l’avenir.

L’âge n’est qu’un chiffre, et dans notre culture, il semble exister des attentes spécifiques liées à chaque tranche d’âge. Mais la vie ne devrait pas être limitée par une date de péremption. Natacha Dzikowski dans son livre « J’ai l’âge que je veux ! » propose des méthodes pour maîtriser son âge biologique et vivre pleinement.

La « silver révolution » nécessite un développement personnel et un changement des mentalités pour déconstruire les préjugés liés à l’âge. Ce mouvement est en marche, mais il sera long et pourrait rencontrer des résistances. Comme le souligne Marie Charrel, bien que les avancées soient fragiles, l’engagement et la flexibilité sont essentiels pour persévérer dans cette lutte quotidienne contre l’ostracisme lié à notre âge.

Aussi, Quinquas, plus déterminées que jamais, sommes prêtes à maintenir notre place visible dans la société.